244 kms dans le Jura …

Arthur MOINDROT, pilote Team Kortel, nous raconte sa journée du 3 mai 2021.

 

Après cette semaine aux conditions exceptionnelles, place à deux semaines d’examens. Il fait mauvais ,tant mieux pour moi. Au bout d’une semaine, un créneau vient s’ouvrir le lundi alors que je n’ai pas d’épreuves : les révisions attendront. Je décide de monter à mon décollage favori. Les prévisions annoncent une très bonne instabilité, mais des plafonds très bas et un fort taux d’humidité.

Pour accéder à ce sommet sauvage (Crêt de la Goutte, 1620 mètres) il faut marcher environ 1 h15 avec plus de 30 kilos sur le dos pour environ 450 mètres de dénivelé.

A 10 heures du matin, l’ambiance est humide et le plafond est bas (environ 1100 mètres), alors que le ciel est magnifique sur la crête juste derrière (environ 1800 mètres).

Orientation Ouest, ciel magnifique sur le Catray et le décollage de Champfromier

Orientation Ouest, ciel magnifique sur le Catray et le décollage de Champfromier

Orientation Est, face au bassin Lémanique avec des plafond bas, de l’humidité et de l’ombre.

Orientation Est, face au bassin Lémanique avec des plafond bas, de l’humidité et de l’ombre.

J’essaye de patienter jusqu’à 10 h30 (bien au chaud dans ma sellette), et m’autorise à décoller en voyant une petite ouverture entre les nuages.

Passage entre les nuages après le décollage.

Passage entre les nuages après le décollage.

Et c’est parti pour 40 kilomètres en direction du nord avec un sol entre 500 et 700 mètres : ça ne laisse pas le droit à l’erreur ! Les conditions sont déjà exceptionnelles, avec une fréquence thermique très importante et de gros varios. J’opte pour un régime ‘’ Full bars’’ pour faire face au léger vent nord Est.  41 km en 1 h20.

Sur le retour, la brise de sud est déjà bien établie et me contre, mais le retour est toujours très bon. Je rentre sans trop d’encombres jusqu’au col du Sac (premier plein qui me permet de passer de l’autre côté de la crête), malgré un point bas à environ 150 mètres sol. Grosse vague descendante de l’autre côté, j’attaque la transition de 6 km à 1200m d’altitude. Je ressors avec un peu de chance malgré les 20 km/h de brise en bas, et avance vers le Grand Colombier.  

Premier et unique vrai plein du vol, je fais 1950 mètres pour transiter vers la Dent du Chat (4h de vol /125 km). Je m’autorise un petit moment de récupération avec 2 petits relais thermiques.

Dans le thermique après mon premier point bas en Suisse.

Dans le thermique après mon premier point bas en Suisse.

La magnifique vue depuis le Grand colombier, bien installé dans ma Kanibal Race II.

La magnifique vue depuis le Grand colombier, bien installé dans ma Kanibal Race II.

Raccrochage Dent du Chat, poussé par le vent du nord, et full bars (possible grâce au système ABS réglable intégré à la sellette qui me permet de tenir la voile à ce régime), je gagne du temps (5 h à 170 km)  soit plus de 32km/h de moyenne sur ce début de vol.

Dans l’euphorie d’envisager les 300 kilomètres, je me relâche et me retrouve à 60 m/sol sous le décollage de Saint-Pierre de Genebroz. Je perds pas mal de temps mais réussi à raccrocher un peu bas sur la crête de saint Laurent du Pont.

Deuxième point bas, à Saint-Pierre, pas hyper serein.

Deuxième point bas, à Saint-Pierre, pas hyper serein.

Je décide de faire demi-tour à 82 km du décollage (pour la coupe fédérale de distance il faut poser avant 19 h). J’entame alors un retour face au vent du nord, c’est long mais je connais. Ça se passe plutôt bien jusqu’à la Dent du Chat, où le vent passe un peu plus ouest, puis sud-ouest. Deux hors-cycle et je finis de nouveau à 200 m/sol sur Chanaz, à enrouler une thermique anémique mais qui me permet de traverser le lac et me jeter à 200 m/sol sur le Sapenay. Je suis dans les temps. Je remonte jusqu’au Mont des Princes. Sans refaire le plein, je pars à 1300 m/sol pour un glide final qui me permet de faire 12 kilomètres (atterrissage à Vanzy à environ 10 km du décollage).

Heureux de boucler mon premier 200 km Jurassien, après plus de 2 ans d’attente. C’est également mon 3ème 200 km en 2 semaines. Résultat : 8 h de vol et un triangle plat FAI de 244 km, pas très loin du record du Jura (il serait de 251 km).

 

Très bien installé dans une sellette confortable, polyvalente grâce au réglage de stabilité et avec un accélérateur performant. Hâte de retourner dans les airs pour viser plus grand.

Deuxième point bas, à Saint-Pierre, pas hyper serein.

Grand merci à mes partenaires : Kortel Design,  Air 3, Geoma Conseil et le garage A.M autos qui m’accompagnent dans ma progression.