
Réflexion sur les connecteurs
Eléments indispensables pour pratiquer le parapente, les connecteurs (au sens large) ont pour fonction de relier la sellette à la voile, et/ou au parachute de secours. Ils peuvent être souples, rigides, à fermeture automatique, à vis, etc …
A ce jour, la résistance qui leur est demandée doit au moins être équivalente à la résistance des points d’ancrage sur lesquels ils sont montés.
Une sellette homologuée EN 1651 est testée au minimum pour 100kg de PTV à 15G, ce qui donne une charge globale de 1.5T sur l’ensemble du châssis. Etant ancrés sur les 2 points d’attache, on peut donc en déduire que chaque point d’ancrage doit supporter un effort de traction d’au moins 750kg. En cas de connexion du secours aux épaules, les points d’ancrages sont eux aussi testés à 1.5T, soit 750kg sur chaque point.
Les connecteurs qui seront montés sur une sellette doivent donc dans l’idéal supporter au moins 750kg en charge de rupture pour ne pas être les « maillons faibles » de la chaîne. L’information de la charge de rupture se trouve normalement marquée sur tous les connecteurs (dans la mesure du possible !), comme illustré ci-dessous.
A ce jour, la grande majorité des sellettes sont équipées de mousquetons automatiques en alliage d’aluminium. Ils sont légers, faciles à manipuler et semblent représenter la solution idéale.
Revenons un peu sur le design de ces mousquetons à fermeture automatique.
Leur conception est directement liée à celle des mousquetons d’escalade et d’alpinisme, et reprend globalement l’ensemble des fonctions de ceux-ci.
Or l’une de ces caractéristiques peut devenir un inconvénient majeur dans l’utilisation que nous en faisons en parapente : le jeu fonctionnel permettant l’ouverture sous charge.
En effet, pour des raisons de sécurité, un mousqueton d’escalade doit pouvoir continuer à s’ouvrir sous une charge de 80kg (poids d’un homme). Il existe donc dans leur conception un jeu fonctionnel qui ne bloque pas l’ouverture du doigt lorsqu’il est chargé ainsi.
En parapente, nous sommes en permanence suspendus à nos connecteurs, mais cette charge n’est pas constante. En effet, en vol nous sommes soumis à une multitude d’allègements et d’accélérations qui réduisent ou augmentent respectivement la charge appliquée sur ces connecteurs.
Cela induit un phénomène dit « de fatigue » car les connecteurs sont sollicités alternativement en charge / décharge.
Mesures en vol droit stabilisé, spirale stabilisée, fermeture frontale, fermeture et wing-over (Source : DHV)
Mesures en thermique, puis en spirale stabilisée (Source : DHV)
Des tests ont été conduits pour évaluer cette fatigue sur les mousquetons automatiques en aluminium, et ont montré que pour évoluer en sécurité il fallait les changer au maximum tous les 5 ans ou 500h de vol.
A bon entendeur …
Nous avons vu dans la première partie que la conception intrinsèque de certains connecteurs pouvait engendrer une problématique à prendre en compte.
Nous allons voir dans cette deuxième partie une autre caractéristique à ne pas négliger dans le choix de ses connecteurs : la multi-directionnalité.
Les connecteurs sont censés travailler dans leur axe de prédilection, mais il est possible que ceux-ci se retrouvent positionnés autrement et leur résistance peut alors se retrouver diminuée de manière significative.
C’est notamment le cas des mousquetons automatiques en aluminium, où la résistance peut se voir diminuer de moitié dans la configuration N°2 par rapport à la configuration N°1.
Il faut donc veiller à maintenir les connecteurs positionnés de manière optimale, pour éviter au maximum la configuration N°2. Pour ce faire, il est possible d’utiliser des joints toriques qui immobilisent le connecteur dans sa position de travail optimum.
Il est également important de vérifier la concordance dimensionnelle entre le connecteur, et les éléments sur lesquels il va être connecté. Les dimensions du connecteur doivent être adaptées aux sangle et/ou drisses Dyneema qu’il va permettre de relier entre elles.
Il existe aussi certains types de connecteurs dont la conception fait qu’il est quasiment impossible de les voir se positionner de manière inadaptée.
Par ailleurs, ces différents connecteurs, de par leur conception, ne sont pas soumis aux phénomènes de fatigue dont nous avons parlé dans l’article précédent. En effet, ils sont en permanence en contact au niveau de leur fermeture. Les Pin-Lock sont donnés par Finsterwalder pour une durée de vie de 8 ans en utilisation solo, sans limitation d’heures d’utilisation !
Les connecteurs souples ont quant à eux une qualité inégalable : ils s’adaptent dimensionnellement à n’importe quelle sangle et/ou drisse Dyneema.
Dans un prochain article, nous verrons plus en avant les spécificités de la connexion du parachute de secours.
Les connecteurs permettent de relier la sellette à la voile, mais ils permettent aussi relier le parachute de secours.
Les points d’ancrages aux épaules sont testés de la même manière que les points d’ancrage principaux, à savoir au minimum 1.5T soit 750kg sur chaque point. Les connecteurs positionnés à cet endroit doivent donc avoir une charge de rupture de 750kg minimum.
Etant donné que ces connecteurs sont le plus souvent masqués dans les épaules, ou sous un volet néoprène, il est impératif de vérifier régulièrement leur bonne fermeture. Les micro-vibrations générées par les déplacements en voiture, les nombreuses manipulations, etc … peuvent parvenir à dévisser littéralement des maillons à vis, même serrés au couple.
Il vaut donc mieux privilégier au niveau de cette connexion aux épaules, des connecteurs qui ne subissent que peu ces phénomènes, et qui ne nécessitent pas un contrôle trop fréquent. Les maillons rapides Péguet avec frein filet, ou les connecteurs souples sont à ce jour les solutions les plus efficaces. Pour les maillons Péguet, les formes ovoïdes de diamètre minimal 6mm sont les plus répandus.
INFO : Vous pourrez trouver marqué sur ces maillons Ø6mm, une valeur de 350kg. Cela correspond à la charge de travail sous laquelle le maillon peut encore être manipulé (ouverture de la virole). La charge de rupture est beaucoup plus élevée (1750kg), et conviennent donc parfaitement pour cette application.
En cas de connexion sur les maillons principaux (secours ventral), il y a 2 solutions possibles :
- 1.- Les élévateurs de la voile et ceux du secours sur le même connecteur
- 2.- Les élévateurs de la voile et ceux du secours sur 2 connecteurs séparés
1.- En cas de connexion des 2 élévateurs sur le même connecteur, l’élévateur du secours prendra normalement la place de celui de la voile lorsque celle-ci sera affalée et n’exercera plus d’efforts. Mais si la situation amenait à un effet miroir, les 2 élévateurs risqueraient d’exercer des efforts opposés, et de faire travailler le connecteur dans un axe défavorable (voir article précédent).
Par ailleurs, les élévateurs peuvent également se coincer sous la virole des mousquetons automatiques, et provoquer le basculement de ceux-ci lors de la mise en tension, les mettant dans une configuration défavorable de solidité.
Il faut donc bien veiller dans cette situation à utiliser des connecteurs qui ne sont pas sensibles à cette multi-directionnalité des efforts (Péguet, connecteurs souples), ou à emporter un système de coupe-suspente pour pouvoir couper un élévateur de la voile si celle-ci se remettait à voler après déploiement du secours, et tendrait à générer un effet-miroir. Avec un secours hémisphérique en effet-miroir, l’angle entre les élévateurs est de l’ordre de 90°. Avec un Rogallo (qui a une vitesse propre), il est possible d’arriver à 180° et donc d’induire ces efforts dans le petit axe, le plus faible.
2.-
En cas de connexion des 2 élévateurs sur le même point d’ancrage avec 2 connecteurs séparés, il se peut aussi qu’un effet-miroir vienne générer des efforts opposés sur le point d’ancrage. Dans cette situation, c’est la construction même du point d’ancrage qui déterminera la solidité de l’ensemble.
Même remarque que précédemment, l’emport d’un coupe suspente est recommandé pour couper un élévateur de la voile dans le cas où celle-ci revolerai et augmenterait les efforts générés.
Bibliographie :
http://federation.ffvl.fr/pages/inf…
http://www.ensa.sports.gouv.fr/inde…
http://www.dhv.de/web/fileadmin/use…
http://finsterwalder-charly.de/down…
http://finsterwalder-charly.de/down.